• Le stylite

      MELCHOR LÓPEZ

     

     

     

    LE STYLITE

     


     Le stylite
    debout
    sur la colonne
    mâchonne
    une pauvre
    prière, son psaume
    estropié, une lèpre
    de la parole
    ainsi façonnée.

     *

    Une colonne
    seule, au milieu
    des déserts,
    des mirages
    multipliés.
    Une colonne
    tronquée.

    Une ombre qu' effacent,
    que recouvrent
    sans trêve
    obstinés
    les sables.

    Une colonne
    et son ombre de marbre
    effacée.

     *

    Une colonne
    tronquée.
    Une parole
    tronquée
    expire à présent
    sur ses lèvres lépreuses.

    *
    **

      Un pestiféré
    une guenille de plaies
    un ramassis au soleil
    rien que la peau, les os.
    Je bois le poison d'une eau,
    comme le déchet,
    le fiel d'un ange,
    la bouche ulcérée
    par la langue de pierre.

    *
    **

    Passent les caravanes au loin.
    Elles portent leurs marchandises aux cités:
    les bijoux, les lampes, l'argent,
    la myrrhe, l'énigme des livres.
    Au loin passent les caravanes
    par des chemins connus et invisibles.
     
    Cette voix ne commerce
    qu'avec les marchands de silence.

    Melchor López est né à Ténérife en 1965. Proche de la revue Paradiso, il a publié Trece poemas  — “Treize poèmes” (1993), Altos del sol  — “Hauteurs du soleil” — (1995) et  El estilita  — “Le stylite” — (1997)


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