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VIENT DE PARAÎTRE
Jacques Ancet
Voir venir Laisser dire
La Rumeur LibreLAISSER DIREIOn ne sait pas laisser dire. On dit ou on laisse. On ne fait pas les deux.
La nuit, par exemple. Laisser dire la nuit. La lueur de la pierre et l’étoile.
Laisser dire ce qu’on ne voit pas mais qu’on entend, si près qu’on l’a surle bout de la langue.
Quelque chose grignote les heures. On aurait cru l’inverse, mais non. Onferme les yeux. On laisse dire.
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On laisse. La lumière pousse sous les yeux, la voix glisse entre les dents.
Dehors, la beauté ressemble à une image. Mais c’est dedans qu’elle estcachée.
Ce qu’on voit on l’écoute, mot à mot, l’inquiétude légère, la douleur,
La montagne gonflée, rayée de vols, le temps qui vous regarde de sespupilles vides.
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On voudrait que ça ne cesse de parler. Comme des vagues, une à une,
Qui déposeraient sur le silence tout ce qu’on n’a pas su dire, ces petitsriens,
Ce cri de la vie multiplié qu’on entend là- bas, ici, hier, demain, dehors,dedans,
De partout et nulle part et qui vous traverse tellement que vous n’avezplus de bouche.
*
Laisser le jour, laisser la nuit. Laisser le temps, laisser le fil et le gravier,
Ce qui s’approche qu’on ne voit ni n’entend. Une sorte de floraison invisible.
C’est le printemps, dit une voix. Mais non. Ça n’a ni herbe ni fleurs. C’està la fois
Obscur et transparent. Un souffle sans air, un pas sans pied — va savoir.
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