• Sur une confidence de la mer grecque

    Andrés Sánchez Robayna / Antoni Tàpies

    SUR UNE CONFIDENCE DE LA MER GRECQUE
    présenté et traduit par Jacques Ancet
    Gallimard

    Ce n'est pas la première fois qu'Andrés Sánchez Robayna travaille avec Antoni Tàpies, mais c'est la première fois que leur collaboration est aussi étroite. " Sans doute parce qu'une même recherche les anime. Par-delà les images familières, les routines perceptives de la réalité, mais en même temps avec elle, avec ses matières, ses objets usés, la quête de cet illimité, de ce vide de formes que traverse une énergie, où tout s'abîme et s'engendre à la fois. "
    A cette double suite de poèmes où dialoguent passé et présent, ténèbres et éblouissement, morts et épiphanies, éternel et éphémère, répond, porté par la même tension, chaque dessin de Tàpies: présence charnelle des empreintes de mains sur la blancheur sans fond de la page, signes désordonnés de ce qui se défait et se fait, disparitions, apparitions. D'où le prix de ce petit livre. Ces affinités, cette fraternité des deux démarches qui, chacune dans son ordre, répond à l'appel, aux sollicitations de l'inconnu
    .

    DEUX ou trois nuages.
    Et puis l'immensité de l'air tremblant,
    dans la brume de l'aube.

    Les paupières
    de la mer surgissaient.
    Surgissaient et frappaient.

    Elles frappaient
    les flancs de la lumière.

    Ces signes là blessaient.
     





    C'ETAIT l'attente, la mer du matin,
    les côtes
    entrevues, solitaires,
    désertes,
    la pupille solaire.

    Quel jaillissement ! Tu pus
    l'ouvrir, une pupille
    entretissée à l'autre, apercevoir
    les côtes, lumière
    entretissée qui se répand de très lointaines pierres
    et traverse la brise,
    pleine d'espace, couvre
    cette théorie d'îles dispersées.
     






    TU ENTENDIS
    presque inaudible, engloutie
    au fond des puits de la lumière,
    une rumeur, une syllabe presque,
    parmi les eaux.

    Elle tombait du tympan,
    dans l'espace
    du non dit, de l'indicible peut-être,
    elle tombait, brève
    rumeur saline, dans le silence.

    Tu l'écoutais naître
    au dicible, de l'inarticulé.
     





    PEU A PEU le soleil, dans son domaine,
    prit possession des eaux, et mit l'ombre
    dans l'écume, créa le grand vide des vagues.

    Ecroulées et soudaines, les vagues
    saluaient le soleil et renaissaient.
    De hautes lueurs dansaient sur la mer d'été.

    Les dieux souriaient sur les eaux brillantes.
    Qu'ils ne meurent pas ces dieux. Qu'ils sourient
    dans l'éternel, la mer soit leur sourire.

     

     


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  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Février 2008 à 18:55
    Quelle simplicité
    lumineuse; un idéal à atteindre
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