• La mémoire des visages

    OBEISSANCE AU VENT II

    La mémoire des visages (1978-1980), Flammarion, 1983.

    la pluie froide, la neige soudain sur la mon­tagne, écrivant, le grognement de l'enfant va­cillant, la lumière pâle sur les livres, un bruit mouillé de phrases, écrivant, la nuit tombée avec les lampes, l'instant comme la vitre au soir, éclair noir sur le chemin où ils passaient qui pouvait vivre là écoutant le silence, ce mot toujours redit, prononcé à voix basse parfois, écrivant, liquide glissant entre les doigts un soir de vent plaintif secouant les volets, sous la lampe, guettant les visages infimes, leur ger­mination lente, leur mort brève, à peine une légère nostalgie impossible à saisir dans le minu­tieux compte des syllabes, n'allez surtout pas croire que ce sont des vers disait‑il, de crainte qu'on ne le prenne pour ce qu'il était, écrivant, perdu à mi‑chemin entre l'encre et le sang avec la plume intermittente qui grignote le temps, le corps vibrant à tous les signes, parti pour le voyage, l'aventure clandestine, l'ouvert dans les phrases, écrivant, chemin, perte du sens coulant vers la nappe ignorée qui par moments affleure, un mouvement léger, une goutte tintant sous des voûtes profondes et le noir bouge sous le silence, écrivant, un trou de ciel où son corps tombe et s'éparpille en mille aiguilles de lumière, un champ d'herbes, écrivant, qui flotte sous le vent à chaque pas,  qui  s'ouvre comme une paume sans limite

    la pluie toujours, le vent, la solitude instantanée, une porte qui claque, un moteur dans la nuit, écrivant, silhouette vague comme naissante, l'attente, le ventre un peu noué de ce qui le traverse, corps incliné, le froid qui monte des chevilles, la laine qui picote, les cheveux dans les yeux, une main bouge maintenant, une autre, l'ongle de l'index droit est cassé, rumeurs dans la rue noire, écrivant, guettant, immobile un instant, visage pressenti, hésitant à se répéter tant les jours se ressemblent avec à chacun pourtant sa manière de tomber, sa couleur indéfinissable, la lumière un instant à travers le ciel bas, l'éblouissement feu et neige, montagne encore, soudaine sur le gris, peut‑être aurait‑il voulu garder cette splendeur, rose de givre, cette soirée, écrivant, l'ombre portée d'une tête sur le mur, l'imperceptible bruissement sang ou silence comme d'un fleuve lointain emportant ses images mêlées, miettes sur une assiette, homme au béret croisé un soir de brume, affiche déchirée, ces fleurs rondes et mauves comment s'appelaient‑elles, tournevis sur une table de cuisine où le couvert est mis, assiettes et soupe froide, reflet, mais qui es‑tu corps transparent dilué sur la vitre, ombre des mots ou buée grise du silence

    qui, paupières lasses dans la succession des heures, main grésillante au pouce taché d'un peu de sang, éclat d'une bague et corps passant, cheveux, dos, fesses, pas traînant sur le carrelage, chuintement tenace, le même qu'il entendait le voyant arriver à peine voûté dans sa robe de chambre bleue, les cheveux blancs encore drus, un peu clairsemés sur la nuque pareille à celle du bébé assis froissant un papier, riant soudain de ses deux dents, tout entier dans son rire, étincelle, parle‑moi, l'angoisse souvent est la plus forte, la solitude, cette peur de mourir qui le submerge, vertige qu'il préfère oublier dans chaque geste répété, une assiette, deux, trois assiettes, couteaux cuillères, le lait qui commence à bouillir, la soupe à réchauffer et la pluie dehors en fumée sur les toits où passent deux corbeaux dans le silence du regard un instant immobile

    pâleur naissante, balance à l'aube, cil réfracté, et les deux corbeaux silencieux, comme fixes, les yeux levés vers le ciel noir encore sous la buée des vitres, écartant le rideau, frottant un peu le verre du bout des doigts, tête penchée vers la rue et le temps qu'il fera, une fois encore le goût de la lumière, peut‑être l'avait‑il pensé, près de la vitre, scrutant maintenant le ciel puis tapotant le baromètre, rites simples, la main s'arrête, le front se lève, écoute‑t‑il le bruit du sang à chaque seconde l'approchant de sa mort un matin ou un soir ou à une heure quelconque du jour ou de la nuit, le fil cassé, l'angoisse, l'haleine gelée aux lèvres sèches bougeant encore un peu comme pour dire un mot, le dernier, approche‑toi, écoute, seul, seul, et l'immensité grise, 1a brume qui tombe derrière la vitre, seul, la lune est là, le ciel est toujours noir, le jour va se lever


    alors, pour ne pas mourir, il parle, sa main trace dans l'air un signe dérisoire, le sang borde toujours son ongle mais il ne le voit pas, il parle, il faudrait tout changer, la vitre est bleue ou noire, son image s'y reflète, ses gestes, comme lointains sous la tache étoilée, il parle dans l'aube grise des fenêtres regardant devant lui un point inexistant, semblant montrer parfois quelque chose sur le mur où le jour efface son ombre, le grincement des corps, l'aiguille des secondes, recommençant toujours, minuscule au matin dans une cour luisante, lampes encore allumées, marchant, assis, souriant ou grave, plus faible à chaque mot, plus fort, plus aveugle, mains tendues, il parle du fond de sa voix, ignorant son visage, dépliant un journal, seul, sans personne pour l'écouter, égaré dans ses phrases, bafouillant, cherchant l'issue au prochain mot de hasard, il parle mais ne sait plus pourquoi, peut‑être une habitude si ancienne que son corps maintenant ne pourrait s'en passer, il parle pour entendre sa voix, parfois lumière et nuit parfois, bruit de feuilles ou de vent, marteaux chiens et rires, il parle, sa tête s'incline vers le sol, cm n'entend plus ses mots,  seul  le  son de sa voix,  ce rythme seul encore avant de disparaître


    encore et encore, la lumière grise à la fenêtre, les cris, il ouvre les yeux, rien n'a changé, un peu de ciel blanc se lève sur les toits, ses mains tremblent, il regarde la débâcle, comme au ralenti, gestes, objets, journaux, cartons, pommes, livres, pare‑chocs tordu, rouille, branche, pierre, asphalte, costume, enclos, bière, silence, oubli, terrier, sexe, tous, il écoute, touche la table, le mur, ne trouve plus ses mots, ouvre la bouche, se redresse comme s'il allait parler, prononcer un discours, silence, une moto passe, un chien aboie, quelqu'un tourne une page, mais non, ses lèvres se referment, son dos s'est à nouveau voûté tandis qu'un vent léger balance doucement quelques feuilles restées dans l'enchevêtrement des branches, quelques mots oubliés aux phrases décharnées, stylo posé sur le papier, mains sur le visage comme s'il pleurait, ou priait, immobile longtemps avant de se lever pour traverser la pièce qui reste vide, tiède encore de sa présence, piles de livres aux étagères, table encombrée de pages d'écriture, chaises, canapé sous la fenêtre, fatigué, ciel de cendre encore et encore
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    visage dissous dans l'ombre, baisers ou bouches dévorantes, langue liant la langue, salives, sueurs mêlées dans l'écroulement des formes, l'érosion des caresses au bord du cri silence, la caverne sans fond, errant, bulle gonflée du temps, double image dansant, dédoublée, confondue, éclat soudain, désordre des membres dénoués, cheveux épars, douceur et non tristesse, lenteur de l'heure doucement remontée comme une eau emportant les gestes oubliés sur la berge, et lui se lève, nu, encore, seul malgré la tendresse, ramassant un vêtement tombé, visage étranger sous le néon violent d'une salle de bains quelconque, carreaux bleus ou jaunes, le bruit de l'eau qui coule, tant de fois, ignorant de lui‑même, images vagues à peine perceptibles, un soir, le sperme sur les doigts, cherchant à comprendre cette brûlure du temps devant son ombre sur le mur, onze heures sonnant, écoutant quelque chose, sans savoir quoi, le bruit du sang peut‑être ou la mer qui bat, lointaine, écrivant au cercle lumineux, espace ouvert et si fragile sur la blancheur avec peine conquise de mots gluants qui ne sont plus d'amour, à chaque instant voyant sa mort, son masque à son visage peu à peu qui se forme, voyant son nom qui le dévore, entendant sonner l'heure très loin dans l'ombre de la chambre et sa respiration paisible, marchant encore dans cette rue qu'il ne reconnaît plus un soir avec les lumières froides, les voitures, les visages, montant un escalier, ouvrant une porte, la refermant, prononçant des mots comment vas­-tu tournant des pages sans les lire, comptant les jours, disant jusqu'à quand ou quand était‑ce ou combien nous reste‑t‑il, dépliant ses doigts un à un, les écoutant craquer, s'arrêtant, regard perdu peut‑être dans les  peupliers  sans  feuilles  griffonnés  sur  le  ciel  qui  doucement s'éclaire

    ou couvert, soudain, flocons par milliers tombant sur son visage, tournoyant, grésillant à ses cils, couvrant très vite le sol, les traces de ses pas, tissu serré dont il n'est qu'un motif diffus, marchant sans fin dans le silence et dans le blanc, perdu en son errance, traversant la même cour interminable sous le chuchotement léger, une rue, une place déserte avec, au centre, sur son socle, la fière statue équestre gommée de neige, une page, chute de signes clignotant, poudroiement illisible, rythme sans commencement ni fin, surplombant la blancheur, cherchant comme les silhouettes lentes dévorées par le soir la danse jaune des réverbères, toujours, entre ses gestes abandonnés, pensif, éclair soudain, parc et nuit blanche, était‑ce vraiment ça, passé soudain présent sans date, les ombres dissipées, ce bruit de pas sur la neige, pressées, étouffées, ce grincement, il neige disait‑elle et la rue devenait sa légende<o:p> </o:p><o:p> </o:p>          

    un autre jour encore, cherchant, les toits, l'hiver, le silence et le cri, blancheur diffuse, nervures, lignes brouillées, hachures, fils, signes au loin, ciel, voyage du regard, oiseau bref, immeubles crénelés, murs, murailles, murmures, ses doigts résonnent sur la table battant un rythme monotone, longtemps, comme s'il ne devait jamais s'arrêter, puis il se lève, a peine perceptible, ombre frôlant les objets, s'y attardant un peu, s'arrête devant un miroir, regarde son visage, se touche des doigts le front, glisse l'index sous l'oeil gauche suivant la fine ride au pli de la paupière et soudain, grimaçant, dilate les narines, retrousse les lèvres, montre les dents, tire la langue, gonfle les joues, lâche un bruit mouillé, masque éructant, riant, lèvres luisantes, méconnaissable, qui es‑tu que je vois et qui portes mon nom, puis retrouvant son  visage  d'homme  tranquille,  encore  jeune,  encore, bien sûr, encore un peu

    seul, immobile, guettant les mots, l'éjaculation noire, cherchant à la comprendre, désordre, danse, clignotement, signes, quelque chose tombe, chocs dans la cour voisine, toux, chaise grinçant tout près, choc, silence froissé, levant les yeux, regardant le mur sale, porte‑manteau, cherchant en lui cette rumeur, l'usure toujours présente en sa chaleur, glissements furtifs, grognements, clapotis, le chaos silencieux, le noir visqueux, bile, bave, glaire, chocs, coups sans cesse plus rapides comme illustrant l'écroulement muet, l'infime tourbillon, la dérive du feu, le sperme bleu, la roue vertigineuse, spirales fixes en dérive, traces, gerbes, flaques, traînées, salive lumineuse, la page n'est pas le ciel et rien ne s'y reflète que ce poids du corps frileux emmitouflé qui tousse, se tasse, tousse, tousse encore, se tait, un instant sans bouger, île tiède dans le fracas, plâtre et tuiles froids qui maintenant ne cessent de tomber

    ou les flocons mouillés sur le visage encore criblant les yeux touchant la peau de leur frôlement froid, tombant droit en un bruit de salive sur la boue des trottoirs, striant les corps courbés cherchant abri chaleur, il traverse la rue plus gris que le ciel bas, monte un escalier un peu plus essoufflé, ce temps est déprimant, piétinant sur le paillasson, depuis que ça dure, auréolé d'un cliquetis de clés, tâtonnant un moment, disparaissant, la neige tombe, une pluie presque maintenant laissant aux pelouses une lèpre blanchâtre sous les premières lampes, mains dans les poches, longeant les façades humides, errant, croisant les visages sans yeux, sans but, doigts crispés, genoux sensibles, marchant toujours, effacé par la nuit, réapparu très vite dans la clarté d'une vitrine, cheveux collés au front, plus voûté peut‑être, jaunâtre, taché de rouge, jeté au tunnel immobile, un bruit de pas répercutés, très loin, plus proche parfois, plus hésitant, un peu traînant, comme la pluie bruissant

    la plume, stylo perdant, tachant la page, les doigts, allons bon, poète prends ton, crachant, poète prends ton, mince alors, regardant son ombre sur le mur, une fois de plus, écoutant le bruit de la plume, discret, clandestin presque, se passant les doigts sur la joue, grattant barbe et papier, soupirant, tournant à la noria des phrases, inépuisable, mot après mot, portée en file indienne derrière la plume mère, filant tout droit, dévidant la quenouille, tirant à la ligne, sans vergogne, sur la corde qui ne veut jamais rompre, tirant, congestionné, fesses serrées, muscles bandés, du moins ce qu'il en reste après tant d'heures assis, soufflant, hors d'haleine, tirant, comme acharné sur tel bouchon récalcitrant, dents serrées bordel de dieu, parti soudain à la renverse dans un jet de mousseuses paroles, ah ah, arrêtez, arrêtez, bonde lâchée, haletant, à toute vapeur, locomotive bielles et piston coïtant, coïtant, sûrement ce qu'il aimait à cinq ans fasciné dans la fumée des gares, passant les pognes, main courant sur la page, débordant, éructant ses images, écumant, sexe ou plume dégoulinant d'une encre intarissable

    ou bouche grande ouverte bâillant dans la lumière de midi voix passant froissement ballon chaise grinçant cri, frottant ses yeux, reniflant, recommençant, recommençant toujours, quelqu'un chuchote à côté, sa main tremble un peu, l'horreur présente, hurlement et nausée, peut‑être y pense‑t‑il, beau visage écorché vif, muscles à nu, ses yeux brillent, le viol, le coeur battant, sang giclant, les coups, la picana, lui qui bien sûr voudrait aimer, porter partout cette lumière simple, prononcer des mots calmes où chacun poserait son corps, siffler en passant dans la rue, sourire, comme ça, pour rien, crier que la vie est belle, regarde les feuilles dans le soleil, regarde, ruche de fleurs, belle et sans raison, le soir puis le matin, parole stagnant en de grands marais de culture, mots grouillant qui peut‑être seront un jour haleine, visages, corps, sillages au silence qui s'ouvre, la voix s'est tue, il bâille encore, écoeuré de sa propre routine, se parodiant lui‑même, incapable de vraiment commencer, renifle, cherchant à tâtons un mouchoir chiffonné, se mouche bruyamment, renifle encore, fait craquer ses phalanges glissant mollement dans une longue mélancolie 

    tombant au puits soudain, barbotant dans les phrases, remontant un sentier inconnu, une rue, serrant des mains, disant des mots sans les comprendre, sortant dans la lumière, son vide étincelant, regardant, écoutant, touchant le bois d'une table, sentant un rythme imperceptible, celui du coeur peut‑être habité par sa mort, illuminé de neige, disparaissant dans le silence et la blancheur, surgissant à l'autre bout d'une phrase comme lavé, souriant, parlant encore, mots inaudibles, lèvres comme bougeant derrière une vitrine, criant, convulsé, rouge dans l'après‑midi calme et ses bruits simples moteurs cuillères chiens, ses landaus, ses badauds, ses oiseaux au fil ténu de l'air, disparaissant encore, réapparaissant le soir, peut‑être, écrivant sous la lampe avec le goutte‑à‑goutte d'un robinet, regardant la nuit, une voix qui parle toujours, regardant la nuit, bougeant les pieds, les frottant l'un contre l'autre, rongeant la peau morte de ses doigts, poursuivant comme il peut le trajet évasif avec le bruit des gouttes, son reflet lumineux sur le noir de la vitre, visage rongé d'ombre, image du destin le plus commun, celui pourtant qu'il voudrait accepter, portière claquée, la table qui craque où il s'appuie pour se curer le nez à défaut d'autre chose, détachant de ses deux doigts frottés une mince croûte sèche qui tombe sur la page avec un bruit léger et sec

    assis toujours, face aux tours sur le ciel, grues et béton, immobile, une mouette traverse ses yeux vagues, quelques branches, un visage point s'ouvre, pâlit, un jour d'été pierres et cigales, très lointain, comme une miniature qui coule au double puits sans fond, un ciel nocturne où clignotent les astres, un sexe, deux corps, une autre salle de classe, des dessins sur les pupitres, la neige bleue, les cils balayent les images, la tête bouge, debout maintenant mains sur le radiateur où s'écaille la peinture, pied droit battant un léger rythme, bouche fredonnant why don't you swing, vingt ans bientôt les grues tournent, sweet chariot, la pluie commence à tomber, le pied toujours, les gouttes crépitent sur la vitre, tête en arrière, rock me low, doigts claquant, jambes, jambes souples, rock me low, fléchies, jambes, ses yeux brillent soudain, ses dents, chantant maintenant à tue‑tête, chantant, éclaté, I've got a home, dispersé, on the other side, heurtant les murs, passé soudain par la fenêtre ouverte, planant, léger, on the other side, glissant longtemps, toujours, I've got, glissant bouche fermée, my home<o:p> </o:p><o:p> </o:p>                          

    puis revenu de loin, courant parmi des arbres nus, silhouette floue visible à peine, plus nette de temps à autre, sans qu'on voie son visage, passant entre deux rangées d'immeubles montés très haut, cachant le ciel, ses yeux luisent maintenant, s'éteignent, un peu de vent agite ses cheveux, il monte un escalier comme si rien n'avait changé, sonne, son cartable à la main, sourit, longe un couloir qui grince, passe près d'un lit dont on distingue mal la couleur, y pose son manteau, s'assied devant la table et se met à écrire, sa main trace sur un cahier des lignes illisibles, les soirs et les matins se succèdent, le temps brille parfois lumière intense, son ombre tourne sur le mur, dédoublant, effaçant son corps seul, imperceptible, dérivant, le fleuve coule sous les fenêtres, sous la chambre, sous le lit, l'eau passe silencieuse, ruisselle de ses yeux, il ne pleure pas, ses gestes sont des rides, quelques bulles, une brindille tournoyante sur le gris coulant, imperturbable, emportant son image, la diluant, l'éparpillant entre les berges qui reculent, bientôt mêlées au ciel ce gris où plus rien ne demeure villes forêts montagnes celle même qu'il avait aimée s'efface aussi on n'entend plus que l'eau qui coule une rumeur de plus en plus lointaine un écho à peine comme l'écume éclair évaporé sur une plage de silence

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