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Tecna1 dans
Livres épuisés le
25 Janvier 2007 à 11:00
L'autre pays (1964-1968) , Plein Chant, 1975.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>
</o:p>Une fontaine sèche où pousse l'herbe
et coule le soleil. La rue déserte.
Un chat passe sans bruit. Des escaliers
tordus sonnent dans la cendre des tuiles.<o:p>
</o:p>Un oiseau gris couve le long des murs
les œufs d'oubli que le temps a pondus.
Son cri parfois déchire la lumière,sanglant.
On s'arrête pour l'écouter.<o:p> </o:p>Rien ne bouge.
Des fleurs tremblent à peine
aux terrasses où s'écrase le ciel.
Sous les volets, sous le bâillon de l'ombre
des yeux obscurs s'allument en silence.<o:p>
</o:p>Plus haut, près d'une croix de pierre blanche
rongée de vent, veille la solitude.
Son pas brûlant rôde par les orties
à l'horizon des dernières demeures.<o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p>
</o:p>*<o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p>
</o:p>Sur la poudre des tuiles, l'oiseau s'ouvre
et se ferme. Son cri perce le ciel.
Du silence coule un visage obscur:
gouttes lentes dans l'ombre du cyprès.<o:p>
</o:p>Un visage? Peut-être un souvenir,
qui peut savoir? Le temps s'est égaré
dans la fumée des pierres qui s'effritent.
Le vent a fui, brouillant toutes les pistes.<o:p>
</o:p>Tout s'est figé en un profil sans âge.
Contre les murs des songes jaunissants
brûlent rongés d'insectes et de mouches.
L'haleine frôle les lèvres. Plus rien.<o:p>
</o:p>Seul ce visage aux yeux naissants,
la terrenue, déchirée, la blessure des pailles,
le jour muet où se crispent les choses,
la source éteinte dans la main qui se serre. <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p>
</o:p>*<o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p>
</o:p>Bout du chemin que ronge le vent gris:
l'ombre et l'écho y sont le paysage
et ce silence nu, cristal sans âge,
miroir brûlé où le passé s'inscrit.<o:p>
</o:p>Paume de pierre encombrée des débris
immobiles du temps. Sur ton visage,
passe l'appel incertain des nuages
vers l'horizon pétrifié comme un cri.<o:p>
</o:p>Ton pas se tait tandis que le plateau
ferme sur toi son éventail de cendres.
Il n'est plus rien que le ciel sur ton dos<o:p>
</o:p>qu'un arbre mort qui seul semble t'attendre
en ce lieu nul où le néant dépose
l'écume obscure et la braise des choses.