• Alejandra Pizarnik

    Gil Pressnitzer, dans son beau site Esprits nomades consacre une page à celle qu'il appelle "une comète dans le ciel argentin: Alejandra Pizarnik:

     http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/pizarnik/pizarnik.html

    ci-dessous quelques poèmes tirées d'une petite anthologie, L'autre rive, traduite en 1983 pour les éditions Unes.

     

    AVANT

          à Eva Durrell

     

    forêt musicale

     

    les oiseaux dessinaient dans mes yeux

    de petites cages

     

    EXTRACTION DE LA PIERRE DE FOLIE

                          Elles, les âmes [...], sont malades et elles

                          souffrent et nul ne leur porte remède; elle

                          sont blessées et brisées et nul ne les panse.

                                                                 Ruysbroeck

    La lumière mauvaise s'est approchée et rien n'est sûr. Et si je pense à tout ce que j'ai lu à propos de l'espri... J'ai fermé les yeux, j'ai vu ds corps lumineux tournat dans le brouillard, au lieu des voisinages ambigus. N'aies crainte, rien ne t'arrivera, il n'y a plus de violeurs de tombes. Le silence, le silence toujours, les monnaies d'or du songe.

    Je parle comme on parle en moi. Non pas ma voix qui s'obstine à paraître une voix humaine mais l'autre témoignant que je n'ai pas cessé de vivre dans les bois

     

    CONTINUITÉ

    Ne pas nommer les choses par leurs noms. Les choses ont des bords dentelés, une végétation lascive. Mais qui parle dans la chambre pleine d'yeux? Qui mordille d'une bouche de papier? Noms qui s'approchent, ombres avec masques. Soigne-moi du vide — dis-je. (La lumière s'aimait dans mon obscurité. Je sus qu'il n'y en avait pas quand je me surpris à dire: c'est moi). Soigne-moi — dis-je.

     

    VERTIGE OU CONTEMPLATION DE QUELQUE CHOSE QUI S'ACHÈVE

    Ce lilas perd ses feuilles.

    Du haut de lui-même il tombe

    et cache son ombre ancienne.

    Ces choses-là me feront mourir.

     

    PRÉSENCE D'OMBRE

    Quelqu'un parle. Quelqu'un me dit.

    Extraordinaire le silence de cette nuit.

    Quelqu'un porjette son ombre sur le mur de ma chambre.

    Quelqu'un me regarde avec mes yeux qui ne sont pas les miens.

    Elle écrit comme une lampe qui s'éteint, elle écrit comme une lampe qui s'allume. Elle marche en silence. La nuit est une vieille femme la tête pleine de fleurs. La nuit n'est pas la fille préférée de la reine folle.

    Elle marche en silence vers la profondeur la fille des rois.

    De démence la nuit, de temps nul. de mémoire la nuit, d'ombres toujours.

     

    TEMPS

           à Olga Orozco


    Je ne sais de l'enfance

    qu'une peur lumineuse

    une main qui m'entraîne

    vers mon autre rive


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 23 Février 2011 à 00:31
    Alejandra Pizarnik
    De très belles images. Merci pour ce partage.
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