• VIENT DE PARAÎTRE

     

     

     

     

     

     

     

    JACQUES ANCET

     

     

     

    Le jour commence (POÈMES I, 1966-1976)

     

     

     

    Editions TARABUSTE, collection REPRISES.

     

     

     

     

     


        Toujours, dans les poèmes, c’est le jour qui commence. Dans les premiers surtout. Ceux où, pour la première fois, s’est levée cette clarté. Parce qu’ils sont du langage à l’état naissant, le monde y apparaît comme on ne l’avait jamais vu. Non plus comme un spectacle mais comme cette lumière où les choses n’ont pas encore pris forme, où elles se cherchent, comme les premiers mots au bord du vide de ce qui les appelle.
        Oui, les poèmes sont du jour dans le langage. Comme s’il était soudain si usé qu’on voyait à travers. Et ce qu’on voit, on ne le comprend pas. C’est obscur ou éblouissant, ça guette ou ça remue, ça recule ou ça vient –– c’est là,  ça n’y est pas. Tout à la fois. Et c’est pourquoi on ne sait plus où on en est.
        Comme les cailloux du Petit Poucet, les poèmes ne sont qu'un peu de clair dans l'ombre de la forêt des jours. Pourtant, ils ne tracent pas comme eux un chemin vers le connu mais vers l'inconnu. Ils n'aident pas à se trouver mais à se perdre. A chaque fois ils ne sont qu'un passage: celui d'un souffle et sa buée de temps.  C'est pourquoi ils sont, à tous les sens du terme, irrémédiables.     
        Parus dans des éditions confidentielles, peu ou mal diffusées et depuis longtemps introuvables, les cinq ensembles ici réunis n'ont donc pas été réécrits mais réduits et réorganisés, quand la distance était trop grande entre le regard d’hier et celui d’aujourd’hui. Ce livre est leur première édition véritable.

     

     

    Sur la poudre des tuiles, l'oiseau s'ouvre
    et se ferme. Son cri perce le ciel.
    Du silence coule un visage obscur :
    gouttes lentes dans l'ombre du cyprès.

    Un visage ? Peut-être un souvenir,
    qui peut savoir ? Le temps s'est égaré
    dans la fumée des pierres qui s'effritent.
    Le vent a fui, brouillant toutes les pistes.

    Tout s'est figé en un profil sans âge.
    Contre les murs des songes jaunissants
    brûlent rongés d'insectes et de mouches.
    L'haleine frôle les lèvres. Plus rien.

    Seul ce visage aux yeux naissants, la terre
    nue, déchirée, la blessure des pailles,
    le jour muet où se crispent les choses,
    la source éteinte dans la main qui se serre.

     

     


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